Ibuprofène et grossesse : est-ce vraiment sans risque ?

La consommation de médicaments en période de grossesse doit toujours être prise au sérieux. Il est crucial de consulter un médecin ou un pharmacien avant de prendre tout médicament, même ceux disponibles sans prescription.

L’ibuprofène appartient à la catégorie des anti-inflammatoires non stéroïdiens, selon l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé). Cette famille de médicaments inclut d’autres substances telles que l’acide acétylsalicylique (aspirine) et le diclofénac, pour n’en nommer que quelques-uns. L’ibuprofène est disponible sous plusieurs formes comme les comprimés, les gélules, les sirops et les suppositoires. “Il est principalement utilisé pour le traitement des douleurs légères à modérées et des fièvres”, précise Augustine Pithon.

“L’ibuprofène est recommandé pour atténuer les douleurs menstruelles, les céphalées, les douleurs dentaires, ainsi que les douleurs associées à l’arthrose et aux rhumatismes grâce à ses effets anti-inflammatoires”, explique la pharmacienne. Bien que disponible sans prescription, son accès en pharmacie est régulé depuis 2020. Pour les adultes, la dose habituelle est un comprimé de 400 mg à prendre si nécessaire toutes les 6 heures, sans excéder trois comprimés par jour (1200 mg).

L’utilisation de l’ibuprofène est proscrite en cas d’allergie à ce médicament, chez les individus ayant des antécédents d’asthme induit par des AINS ou des médicaments similaires à l’aspirine, ainsi que chez ceux souffrant de pathologies cardiaques ou hépatiques graves. “Il est aussi déconseillé pour les personnes ayant des antécédents de saignements digestifs, une insuffisance rénale sévère et pour les femmes enceintes après 24 semaines d’aménorrhée, soit à partir du début du sixième mois de grossesse”, ajoute Augustine Pithon.

Il est strictement interdit de consommer de l’ibuprofène à partir du sixième mois de grossesse, quelle que soit la forme du médicament. Le Centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT) suggère cependant qu’une utilisation ponctuelle peut être considérée avant 24 semaines d’aménorrhée, après validation par un professionnel de santé et en cas de stricte nécessité. “Le traitement doit être le plus court possible et à la dose minimale”, souligne la spécialiste.

La prise d’ibuprofène pendant la grossesse peut présenter un risque élevé pour le fœtus, surtout si le traitement est prolongé. “Il y a un risque de mort fœtale. Ce médicament est nocif pour le cœur et les poumons et peut causer un rétrécissement du canal artériel qui les relie”, indique Augustine Pithon. Outre ces risques cardiaques et pulmonaires, l’ibuprofène peut aussi nuire aux reins du bébé, pouvant mener à une insuffisance rénale sévère dès la naissance. “En fin de grossesse, il peut aussi allonger le temps de saignement et inhiber les contractions”, ajoute-t-elle.

À noter. Selon le CRAT, le risque de fausse couche est doublé si l’ibuprofène est pris en début de grossesse.

Concernant l’allaitement, les informations sont plus rassurantes, bien que des précautions soient nécessaires. La quantité d’ibuprofène transférée par le lait maternel est minime, permettant son utilisation durant cette période, à condition de nettoyer la zone mammaire avant chaque tétée en cas d’application locale. Toutefois, l’usage d’autres analgésiques inoffensifs, comme le paracétamol, reste recommandé par la spécialiste.

Le paracétamol est le seul analgésique autorisé tout au long de la grossesse. “Il ne présente aucun risque pour le fœtus et est généralement bien toléré. Bien qu’il n’ait pas les propriétés anti-inflammatoires de l’ibuprofène, il suffit pour des douleurs légères comme celles associées au rhume ou aux migraines”, explique la pharmacienne.

Merci à Augustine Pithon, pharmacienne.