Hyperosmie et grossesse : Pourquoi certaines odeurs deviennent insupportables ?

Pour certaines femmes, les premiers indices d’une grossesse sont les nausées ou l’augmentation du volume des seins; pour d’autres, c’est une intolérance soudaine à certaines odeurs. L’hyperosmie est un phénomène courant pendant la grossesse, se manifestant par une sensibilité olfactive décuplée. Bien que bénigne, cette sensibilité fait que l’on perçoit les odeurs beaucoup plus fortement que d’habitude. Il n’est donc pas surprenant que le parfum autrement agréable mais puissant de votre collègue Martin devienne subitement une source d’agression dès le matin.

À noter : l’odorat peut également être réduit (hyposmie) ou totalement perdu (anosmie) pour diverses raisons non liées à la grossesse.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette hypersensibilité olfactive, tels que la prise de médicaments, certaines maladies ou encore la grossesse.

Les changements hormonaux provoqués par la grossesse (ou la ménopause) peuvent altérer la perception des odeurs. Cette sensibilité accrue est due à l’hormone Bêta-HCG. Chez certaines femmes, un taux élevé de cette hormone peut entraîner des nausées en début de grossesse, provoquant une aversion pour certaines odeurs ou certains aliments, explique Margot Sebert, sage-femme.

En effet, l’augmentation des niveaux de Bêta-HCG, d’œstrogènes et de progestérone déséquilibre le corps et stimule certaines zones du cerveau associées à l’odorat. Ces hormones influencent également la circulation sanguine, dilatant les vaisseaux dans le nez qui, mieux vascularisés, deviennent plus réactifs.

D’un point de vue anthropologique, on a longtemps pensé que ce phénomène aidait les femmes enceintes à détecter les aliments potentiellement toxiques pour elles et leur futur enfant. Aujourd’hui, on attribue ce phénomène aux hormones. On observe aussi que les femmes enceintes moins sensibles à l’odorat souffrent généralement moins de nausées ou de vomissements.

L’hyperosmie peut être difficile à vivre pour une femme enceinte, car de nombreuses odeurs peuvent provoquer des nausées ou des vomissements.

De même, puisque l’odorat est étroitement lié au goût, cette hypersensibilité a un impact direct sur l’alimentation. Cela explique pourquoi certains aliments peuvent soudainement devenir très attirants, tandis que d’autres provoquent un fort dégoût.

« En général, cette répulsion pour certaines odeurs apparaît au début de la grossesse, durant le premier trimestre », indique la sage-femme. L’hormone Bêta-HCG diminue par la suite et l’hyperosmie ainsi que les sensations de nausée tendent à s’atténuer après le troisième mois.

Cependant, le phénomène peut persister bien plus longtemps chez certaines femmes et, bien que rare, peut être associé à l’hyperémèse gravidique.

Malheureusement, il n’existe pas beaucoup d’options, si ce n’est d’éviter les odeurs qui dérangent. On peut choisir de ne pas consommer d’aliments trop épicés, demander à son partenaire de sortir les poubelles, éviter de cuisiner certains aliments, et stocker les restes dans des contenants hermétiques. Il est également conseillé d’aérer régulièrement son domicile en ouvrant grand les fenêtres pendant au moins 15 minutes par jour.

Si cette hypersensibilité devient vraiment insupportable et provoque de nombreuses nausées et vomissements, n’hésitez pas à consulter votre professionnel de santé. Celui-ci pourra vous prescrire un traitement adapté ou vous recommander des remèdes naturels (on sait que la grossesse et les médicaments ne font généralement pas bon ménage). « Les tisanes ou le jus de gingembre sont très efficaces pour réduire les nausées », confirme Margot Sebert.