Grossesse et fumée secondaire : découvrez les dangers pour votre bébé !

Selon le Comité national contre le tabagisme (CNCT), la fumée de cigarette renferme jusqu’à 7 000 substances chimiques, avec environ 70 d’entre elles classifiées comme cancérigènes. Parmi ces substances, on trouve des métaux lourds, des goudrons, du monoxyde de carbone, du cyanure d’hydrogène et du benzène, qui sont tous nocifs pour la santé. Ils sont responsables de divers problèmes de santé tels que le cancer du poumon, les cancers ORL, les maladies cardiovasculaires (infarctus, phlébite, AVC) et bien sûr, la nicotine, qui crée une dépendance en agissant sur le système nerveux. Ces effets néfastes sur la santé sont connus depuis longtemps, et il a également été démontré que le tabagisme a un impact très néfaste sur le fœtus et sur le développement de l’enfant sur le long terme.

Le tabagisme passif fait référence à l’exposition involontaire aux particules dangereuses émises par la fumée de tabac. Cela affecte non seulement les personnes vivant avec un fumeur, que ce soit à la maison ou au travail, mais aussi le fœtus dans l’utérus de la mère. « Il n’existe aucun seuil en dessous duquel le tabagisme passif serait sans danger« , souligne le Dr Galera.

« La fumée produite par la combustion d’une seule cigarette contient autant de particules fines que celles émises par dix voitures diesel au ralenti pendant une demi-heure, et inclut des hydrocarbures aromatiques hautement cancérigènes« , ajoute le Dr Galera. Fumer durant la grossesse, ou être à proximité d’un fumeur, expose donc le fœtus à d’importants risques.

« Les effets du tabagisme passif sont similaires à ceux du tabagisme actif, mais moins intenses. Cependant, ils ne doivent pas être sous-estimés« , rappelle le Dr Galera. « Depuis 2002, les recherches du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), qui fait partie de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), ont confirmé que la fumée de tabac dans l’air ambiant est cancérigène pour l’Homme« , précise-t-il. Ainsi, le risque de cancer du poumon augmente d’environ 25 % chez les non-fumeurs vivant avec un fumeur, et de 15 % chez ceux exposés à la fumée de tabac sur leur lieu de travail. Une vigilance accrue est donc essentielle pendant la grossesse.

« Fumer même une seule cigarette par jour augmente le risque d’infarctus du myocarde de 57 % chez les femmes (contre 48 % chez les hommes) et multiplie par neuf le risque de développer un cancer broncho-pulmonaire. Il n’y a aucun seuil en dessous duquel fumer serait sans danger« , explique le spécialiste. Il est crucial de comprendre que fumer durant la grossesse expose également le fœtus à des risques sérieux, souvent sous-estimés et peu connus.

« Même la consommation de une à cinq cigarettes par jour peut entraîner une intoxication au monoxyde de carbone au-delà des seuils d’alerte pollution des grandes métropoles. Ce gaz asphyxiant a un effet majeur sur l’oxygénation et le développement du fœtus« , indique le médecin. Le tabagisme passif est lié à un risque accru de complications graves durant la grossesse, incluant la mort fœtale in utero, des malformations, la prématurité, et un retard de croissance intra-utérin. Des études ont également montré une augmentation des troubles de l’attention chez l’enfant.

« Chez les enfants nés de mères fumeuses, les télomères (séquences d’ADN aux extrémités des chromosomes qui protègent leur intégrité) sont plus courts. Le raccourcissement des télomères est lié aux effets du vieillissement et au risque de cancers. Une étude récente en 2023 a révélé que les enfants exposés au tabagisme in utero ont un risque accru de développer un cancer du poumon à l’âge adulte, augmenté de 44 à 76 %« , alerte le Dr Galera.

Le tabacologue est catégorique : si l’abstinence totale est recommandée pour l’alcool pendant la grossesse, il en va de même pour la cigarette. « Protéger le fœtus implique idéalement l’arrêt complet de toute consommation de tabac, mais aussi de protéger la femme enceinte de l’exposition au tabagisme passif« , explique-t-il. Il rappelle la difficulté d’arrêter la nicotine, une des substances les plus addictives. « Il est crucial que les fumeuses dépendantes (et leur partenaire) reçoivent systématiquement une aide efficace pour arrêter de fumer lorsqu’elles planifient une grossesse« , observe le Dr Galera. « Malheureusement, la France accuse un retard dans la lutte contre le tabagisme, notamment en ce qui concerne la formation des professionnels de santé à la tabacologie. Les discours et les pratiques demeurent souvent loin des recommandations de bonne pratique clinique« , regrette-t-il.