La placentophagie consiste à consommer son propre placenta après l’accouchement, avec pour objectif supposé de faciliter la récupération postnatale. Mais cet organe est-il réellement bénéfique pour la santé ? De quelle manière le consomme-t-on ? Examinons de plus près cette pratique controversée.
Selon certaines célébrités américaines, manger son placenta serait une méthode efficace pour se remettre d’un accouchement. De plus en plus de femmes célèbres vantent ainsi les propriétés nutritionnelles de cet organe vital pour le bébé durant la grossesse.
La pratique a gagné en popularité au point que des livres de recettes dédiés ont été publiés. Cependant, en France, la situation est différente : le placenta est généralement éliminé avec les déchets opératoires juste après la naissance. « Théoriquement, il est interdit de le remettre aux parents. Composé de sang maternel, il pourrait transmettre des maladies », précise Nadia Teillon, sage-femme à Givors (Rhône-Alpes).
Que devient le placenta à l’hôpital après la naissance ?
Toutefois, la législation française a évolué en 2011, accordant au placenta le statut de greffon. Il n’est donc plus considéré comme un simple déchet chirurgical. Il peut être utilisé à des fins thérapeutiques ou de recherche, à condition que la mère n’y soit pas opposée.
Consommer son placenta, une coutume millénaire
À l’exception des dauphins et des baleines, les humains sont les seuls mammifères à ne pas consommer systématiquement leur placenta après l’accouchement. « Les femelles le font pour éliminer toute trace de la mise bas, protégeant ainsi leurs petits des prédateurs », explique Nadia Teillon.
Pourquoi une femme enceinte devrait-elle manger son placenta ?
Bien que la placentophagie soit instinctive chez les animaux, elle a aussi été pratiquée par plusieurs civilisations anciennes. Au Moyen Âge, les femmes ingéraient leur placenta pour augmenter leur fertilité et on prêtait à cet organe des propriétés pour lutter contre l’impuissance masculine. Cependant, pour que ces effets soient efficaces, l’homme devait le consommer à son insu, souvent en mélangeant les cendres du placenta calciné à de l’eau.
Chez les Inuits, la croyance que le placenta est la source de la fertilité maternelle perdure. Pour concevoir à nouveau, une femme doit impérativement manger son placenta après l’accouchement. De nos jours, la placentophagie reprend de la popularité aux États-Unis et au Royaume-Uni, et émerge timidement en France. L’augmentation des accouchements naturels et à domicile offre un accès plus facile au placenta et encourage ces nouvelles pratiques.